Osgood-Schlatter : que peut faire votre ostéopathe ?
La maladie d’Osgood-Schlatter est une pathologie de croissance fréquente chez les adolescents, en particulier entre 10 et 15 ans, lorsque les structures osseuses et tendineuses sont encore immatures.
Elle touche surtout les jeunes sportifs pratiquant des activités avec sauts, courses ou changements de direction répétés (football, basket, athlétisme…).
Elle se traduit par une douleur située à l’avant du genou, juste sous la rotule, au niveau de la tubérosité tibiale antérieure — une zone sensible pendant la croissance.
Dans ce contexte, l’ostéopathe intervient en complément du médecin et du kinésithérapeute. Son rôle est d’identifier et de corriger les déséquilibres posturaux, les tensions musculaires excessives et les restrictions articulaires qui majorent les contraintes sur le genou.

Tendon rotulien et tubérosité tibiale antérieure
Le muscle quadriceps, situé à l’avant de la cuisse, se prolonge par le tendon rotulien, qui s’insère sur une petite proéminence osseuse du tibia appelée la tubérosité tibiale antérieure (TTA).
Chez l’adolescent, cette zone d’insertion correspond à un noyau d’ossification secondaire, encore cartilagineux et donc plus vulnérable aux contraintes mécaniques répétées.
Entre 10 et 15 ans, en pleine phase de croissance, cette région est particulièrement sensible aux contraintes mécaniques répétées. Les efforts répétés de course, de saut ou de flexion du genou peuvent entraîner une traction excessive du tendon rotulien sur la TTA, provoquant une inflammation locale, des douleurs, et dans certains cas, un décollement partiel du noyau d’ossification.
Stades évolutifs de la maladie d’Osgood-Schlatter
La maladie d’Osgood-Schlatter évolue généralement selon trois stades cliniques, en fonction de l’intensité de la douleur et de l’impact sur la fonction du genou.
Stade 1
Douleur modérée survenant après l’effort, sans modification visible de la tubérosité tibiale.
La gêne reste ponctuelle et bien tolérée.
Stade 2
Douleur plus fréquente, parfois présente au repos.
Une saillie osseuse sensible ou un gonflement peuvent apparaître sous la rotule.
Stade 3
Douleur persistante et invalidante, gênant les activités quotidiennes et sportives.
Un décollement partiel du noyau d’ossification peut être observé à ce stade.
Il s’agit d’une pathologie d’hyper-sollicitation localisée, et non d’une déformation liée à une rotation ou à une inclinaison osseuse. Le diagnostic repose sur l’examen clinique et peut être confirmé par une radiographie si nécessaire.
Facteurs mécaniques et biomécaniques
Certains éléments peuvent aggraver ou favoriser l’apparition d’un Osgood-Schlatter :
- Activité physique intense : les sports impliquant des sauts, des courses, des changements de direction rapides (football, basket, athlétisme) sont particulièrement impliqués.
- Croissance rapide : un allongement rapide des os peut entraîner un déséquilibre entre la force musculaire et la souplesse tendineuse.
- Raideur du quadriceps ou des ischio-jambiers : une élasticité musculaire insuffisante augmente les tensions sur le tendon rotulien.
- Déséquilibres posturaux : bassin en antéversion, genou valgum/varum, jambe courte peuvent accentuer les contraintes locales.
Prise en charge de l’adolescent
Une prise en charge précoce est essentielle pour éviter l’évolution vers une forme chronique de la maladie d’Osgood-Schlatter. Dès l’apparition des premières douleurs au niveau du genou, il est recommandé de consulter un professionnel de santé afin d'établir un diagnostic et adapter les activités de l’adolescent.
L’objectif principal est de réduire les contraintes mécaniques sur la tubérosité tibiale. Cela passe par :
- un repos relatif, avec arrêt temporaire des sports à impact ;
- la réduction de la charge sur le genou (éviter les escaliers, les accroupissements répétés) ;
- des étirements doux du quadriceps et des ischio-jambiers, si non douloureux ;
L’ostéopathe, en travaillant sur les contraintes mécaniques musculaires et tendineuses, les déséquilibres posturaux et les compensations articulaires, peut accompagner efficacement le soulagement de la douleur et la récupération fonctionnelle.
Dans les formes plus avancées ou lorsque la douleur persiste malgré le repos, une prise en charge pluridisciplinaire est souvent nécessaire. Elle peut inclure la mise en place de semelles orthopédiques, de la kinésithérapie ciblée et éventuellement un traitement orthopédique dans les cas les plus sévères.
Traitement dans le quotidien : adapter sans arrêter
Le traitement de la maladie d’Osgood-Schlatter repose principalement sur la gestion des contraintes mécaniques. Il ne s’agit pas forcément d’un arrêt total du sport, mais plutôt d’une adaptation intelligente :
- privilégier les activités sans impact (natation, vélo sur terrain plat) ;
- appliquer régulièrement glace après l’effort, en cas de douleur ;
- utiliser si besoin une genouillère souple ou un strap spécifique (bande infra-patellaire) pour soulager les tractions tendineuses ;
- veiller à une hydratation suffisante et à une alimentation riche en nutriments essentiels à la croissance osseuse (calcium, magnésium, protéines de qualité).
L’accompagnement éducatif est essentiel : l’adolescent doit comprendre les mécanismes de sa douleur et apprendre à respecter les signaux de son corps pour éviter la chronicisation.

Évolution de Osgood-Schlatter
Dans la grande majorité des cas, la maladie d’Osgood-Schlatter guérit spontanément à la fin de la croissance, lorsque le cartilage de croissance se ferme et que l’ossification de la tubérosité tibiale est complète. Cette consolidation survient généralement entre 15 et 17 ans.
Cependant, une prise en charge inadéquate ou trop tardive peut laisser des séquelles : douleur persistante à la pression, gêne lors de la course ou à l’appui prolongé à genoux, proéminence osseuse visible au niveau de la tubérosité tibiale.
Un suivi régulier et une approche globale – ostéopathique, posturale et fonctionnelle – permettent de limiter ces complications et d’assurer à l’adolescent une reprise du sport dans de bonnes conditions.
Camille Tejada
Ostéopathe D.O.
Lyon 8
